(1870-1943)

Georges Dufrénoy

Georges Dufrénoy est un peintre qui ne se soucie que de peindre. Il ne cherche pas à se construire une personnalité. Il n'est dominé par aucune des tendances qui guident la peinture française. Bien qu’il admire les grands artistes comme Cézanne, Van Gogh, Renoir ou Gauguin, il ne se place pas dans leur continuité.  

Il commence à peindre dans l’atelier de Désiré Laugée, âgé de quatorze ans. Il découvre son propre style à la suite de ses voyages en Italie et de sa rencontre avec les chefs d’œuvre vénitiens. Il réalise des copies admirables des productions du Tintoret, de Titien et de Véronèse. Il développe ainsi son goût pour la peinture riche, l’art étant pour lui le summum du luxe. 

Joachim Gasquet, un critique d’art, dit de Dufrénoy, qu’il est “un peintre avant tout. Un organisme, comme Monticelli, tout entier construit pour se gorger de la couleur des choses, s’en enivrer et enivrer les autres. Il empâte des façades lyriques. Il cimente des tons juxtaposés. Il maçonne de la lumière”.  Katia Granoff se fait un plaisir de le comparer à Delacroix. Selon elle, tous deux ont horreur du réalisme et de l’exactitude car “sans idéal, il n’y a ni peinture, ni dessin, ni couleur”. De plus, ils abordent une certaine pudeur envers leurs tableaux. Ils les laissent quelques années de côté avant de les exposer et quand ce jour arrive, un sentiment de nudité les submerge.

Ainsi, Dufrénoy crée des tableaux aux allures d’un monde idéal, rempli d’une émouvante beauté à laquelle il nous invite à participer. Son art est rempli de sensibilité qui est cependant incarné sous de nombreuses formes variées et subtiles. Il peint ce qui lui plait dans sa solitude sans se préoccuper des théories qui font bourdonner la scène artistique parisienne de son temps. Ainsi ses rêves ennoblissent la réalité pour enchanter le spectateur.

Georges Dufrénoy, Pont sur le petit canal à Venise (1908-1909), huile sur bois.