Georges Rouault

(1871-1958)

Georges Rouault est un peintre qui marque le spectateur par son univers mystique, ténébreux dont de nombreuses touches de couleurs jaillissent de ses toiles.

Né en 1871 dans une cave dans le 19ᵉ arrondissement de Paris sous les bombardements, il découvre l’art à travers son grand-père. Il commence son éducation artistique auprès d’un peintre de vitraux, Émile Hirsch. Admis en 1891 à l’école des Beaux-Arts, il travaille dans l’atelier de Gustave Moreau. Il côtoie ainsi Henri Matisse, Albert Marquet, Henri Manguin et  Pierre Marcel-Béronneau. Soutenu par Moreau, qui perçoit en lui une singularité, Georges Rouault participe à deux reprises au prix de Rome. Il remporte à 23 ans le prix Chenavard avec L’Enfant Jésus parmi les docteurs qui lui permet de gagner en notoriété. À la mort de son maître en 1898, Rouault se retrouve seul et est nommé comme conservateur du musée Gustave Moreau. S'ensuit une période plutôt sombre pour l’artiste. Il participe au salon d’automne de 1905 aux côtés des Fauves, où il propose une observation critique de la société et montre sa révolte face à la misère humaine tout en poursuivant ses recherches sur la couleur et les formes. 

À l’âge de 24 ans, Rouault montre un intérêt pour la foi chrétienne en réalisant sa première communion. Il se rapproche de l’écrivain Léon Bloy en luttant contre l’art officiel de l’Église qu’ils jugent pauvre et superficiel. Son art est donc profondément marqué par sa foi, nous pouvons retrouver l’humanité qui souffre à travers ses figures du Christ. Il est à la recherche d’une vérité universelle, parfois caricaturale, tragique et violente du monde. Ses couleurs riches et intenses ainsi que son ivresse pour la matière permettent d’intensifier ces dimensions. En effet, au fil de sa vie, il dilue de moins en moins sa peinture, laissant des couches qui atteignent parfois plusieurs centimètres. Pour accentuer ce volume, il utilise le noir pour marquer les contours et les cernes. 

Le collectionneur, Ambroise Vollard, décide en 1917 d’acheter tout son atelier, soit 770 œuvres. Cependant à sa mort en 1948, lors du procès concernant l’héritage de Vollard, le tribunal décide de rendre la propriété de ses œuvres à Rouault. Ce dernier décide néanmoins de brûler près de 315 tableaux. Il laisse à sa mort une grande collection de peintures et de gravures qui touchent le monde entier lui permettant d’être reconnu comme le plus important peintre religieux du XXᵉ siècle.

Georges Rouault, Duo (1951), huile sur bois.