Pierre Laprade

(1875-1931)

Né en 1875 à Narbonne, Pierre Laprade est destiné à être magistrat mais le sculpteur Antoine Bourdelle assure qu'il sera un grand peintre. Pendant ses années à la faculté à Paris, Laprade abandonne les lettres pour se consacrer à la peinture. Il rejoint les Beaux-Arts mais quitte l'école très rapidement. Il trouve ses véritables maîtres au Louvre, où il copie les œuvres de Poussin, Fragonard, Delacroix, Watteau, Manet, Renoir et Morisot. Habitué du Salon des Indépendants et du Salon d’Automne, Laprade entre à la galerie Druet en 1907, où il reste jusqu'à la fin, et réalise son premier voyage en Italie, voyage décisif pour son art.  Il est l’un des membres fondateurs du Salon des Tuileries, où il expose chaque année. C’est là-bas qu’il rencontre Katia Granoff, ce qui mène à la première exposition Laprade à la galerie Granoff du boulevard Haussmann, en 1926. Il meurt subitement en 1931.

Pierre Laprade, avant tout un indépendant et un peintre moderne, trouve l'inspiration en France et en Italie, où il découvre les vastes panoramas des villes anciennes et des jardins verdoyants. Sa peinture, lyrique et grâcieuse, suggère subtilement un adieu, une existence déjà condamnée. L’unité de son œuvre est avant tout intérieure. Il nous ouvre les portes d'un monde harmonieux et beau, délicat et poétique. Cette atmosphère spirituelle ne se retrouve qu'au XVIIIᵉ siècle. Laprade n'a jamais appartenu à un courant spécifique, il ne s'est pas intégré aux groupes existants et ne s'est inspiré que des qualités qu'il considérait essentielles au génie français. Sa peinture est faite d'empâtements, de gris scintillants et de noirs pathétiques, reprenant parfois la touche onctueuse et franche de Manet. Ses œuvres, d'une profondeur et d'une élégance étonnantes, ne perdent jamais de leur spontanéité. [1]

[1] Katia Granoff, Ma vie et mes rencontres, Christian Bourgois, 1981.

Pierre Laprade, Cueillette des roses (circa 1910), huile sur toile.